Mois : mai 2005
La France romane
Oui
était-ce
Aujourd’hui, je vais bloguer quelques minutes de cette journée. Des minutes de rien du tout, mais aussi des minutes terribles.
Le TER de 9h40, à destination de Paris, avait démarré avec quelques minutes de retard, avec la bonhommie traditionnelle de la SNCF et, carré dans mon siège seconde classe, corrigeant des épreuves, je me réjouissais -entre autres- des heures d’études de manuscrits médiévaux à la BNF-Richelieu dont j’allais goûter chaque minute. La Beauce déroulait ses champs sous le soleil, on avait envie de rire avec le ciel. Puis un bruit sourd, un mugissement de freins, des pierres et des grenailles projetées à dix ou quinze mètres, une odeur de brûlé, une long arrêt, un silence de mort. La mort d’une vieille dame ou d’un vieil homme -je suppose que je ne le saurai jamais et puis, je n’ai pas envie de le savoir. Ne comptez pas sur moi pour vous raconter les détails sordides, je vous laisse aux torchons habituels. Ce que j’ai ressenti alors, c’est une étrange communion avec cette vieille personne brisée sous mon wagon. Pauvre être, dont la peau meurtrie avait dû connaître d’autres caresses que celles de l’essieu d’une motrice… Pauvre être assez triste, assez dégoûté, assez abandonné, pour se faire prendre sa vie par une machine.
Pendant que, comme à l’habitude, caquetaient quelques bourges fileuses du même âge que le pauvre corps épandu sous elle, qu’elles souillaient de leurs indigne logorrhée: il aurait fallu repartir, voyez-vous, ces dames avaient des expositions à visiter puis allaient manger au « Printemps » (je cite). Il fallait que la SNCF affrête un autre train pour les prendre en charge, mais que voulez-vous, ma chère, c’est l’anarchie, il n’y a plus rien qui fonctionne en France -et elles ont même réussi à parler de la constitution européenne (désolé, les amis, elles vont voter « non » ;-)). D’autres bons citoyens couraient le train, à l’affût du moindre ragot, cherchant à voir et entendre ce qu’il fallait voir et entendre. Ce sont les jeunes qui restaient les plus dignes.
Pauvre être. Oh, il ne s’agit pas de tomber dans les larmoiements de convenance. C’est ce que j’ai ressenti, c’est tout: je connais un peu la mort, là, elle était sous mes pieds et elle m’a jeté au visage l’inanité de nos vanités: à quoi bon nos piailleries, nos éclats de voix et nos remugles de pensée, si nous ne sommes pas foutus d’aimer assez encore nos parents, ceux qui nous ont, du moins je l’espère, tant aimés. A l’heure où je vous parle, une chair meurtrie attend dans une morgue de l’Essonne qu’on vienne l’honorer et l’enterrer, l’aimer une dernière fois. Pourvu que quelqu’un vienne.
Les béances de Wikipedia: vers une nécessaire professionnalisation des contributeurs ?
Klaus Graf, l’auteur d’
Archivalia
, est un des grands acteurs scientifiques de l’édition électronique historique et archivistique en Allemagne, porte-étendard des wikistes et autres bloggeurs du monde germanique des sciences de l’homme et des sociétés anciennes.
Et quand il s’inquiète de la non-utilisation par les wikistes de Wikipedia, pour leurs notices biographiques, des meilleurs et principaux instruments de travail scientifique disponibles pour ce faire, en l’occurrence la
Neue Deutsche Biographie
, son avis compte, bien plus que le mien -moi qui commence seulement à m’ouvrir au monde du wiki. Son analyse très fine est destinée, je le précise pour les futurs trolleurs, aux wikistes allemands eux-mêmes, sur un forum dédié à cela, afin de leur faire prendre conscience de la taille des problèmes.
Ce qu’il dit n’est rien d’autre que l’expression d’un malaise. Si Wikipedia -le système du wiki en général- veut trouver des lettres de noblesse, il faudra que les lecteurs/contributeurs connaissent et utilisent les instruments de travail scientifique les meilleurs et à leur portée, comme, pour les notices biographiques d’allemands, ce dictionnaire des personnalités germaniques. S’ils ne sont pas des professionnels de la connaissance, ils doivent le devenir.
Comme je le disais dans un tout récent commentaire à une note du
Figoblog
(encore lui), si je dois rester humble comme non-wikiste (pour l’instant), les wikistes eux-mêmes doivent l’être plus encore. Humbles, prudents, en définitive plus compétents.
Via Netbib weblog
Métablogage de luxe
‘le retour à la terre’ (revu)
« paginam pingat digito, qui terram non praescribit aratro ».
Ferréol, Reg., 28, 10.
Qu’il écrive des pages de sa propre main, celui qui n’est pas capable de se consacrer à la terre par la charrue.
Qu’il peigne une page avec son doigt, celui qui, bien supérieur, ne peut écrire des sillons dans la terre avec son araire.
Patience (encore)
Le jeu de l’ego
via
Urfistinfo