Mois : août 2005
La voix des livres et les flammes de la destruction
lui-, s’est adressée à moi. J’y ai découvert, comme par magie, ces quelques lignes aux étranges résonances:
« Nous sommes portés à croire que la catastrophe s’annonce de très loin par des signes effrayants. Le cas est cependant beaucoup plus fréquent où un édifice historique est miné par un effort de termites. Il est vrai qu’ensuite un souffle peut l’abattre, celui même qui naît d’un mot qu’on prononce. Et l’épouvante fait irruption quand l’on était encore assis aux tables du festin. Les convives, dans un sursaut, reconnaissent, à la lueur des flammes, le mensonge et l’illusion dont la vie tranquille enveloppe l’homme » (p. 137).
De profundis
Google Print se tortille dans la fournaise de l’été
Depuis les temps les plus immémoriaux, la période de l’été, ces mois de chaleur pendant lesquels le pape désertait/déserte la moite fournaise de Rome, semble avoir toujours été le bon moment pour faire passer des décisions difficiles, des pavés dans la mare, des reculades ou pour introduire des nuances de bon aloi dans les grandes déclarations d’intention présentées avec gloire et fracas dans le grand rush des mois précédents. On connaît trop bien l’art des gouvernements de faire passer in extremis, avant de fermer les bureaux et les salles de réunion pour le vrai farniente, des décisions difficiles ou des aménagements législatifs qui auraient, autrement, entraîné grèves, hurlements syndicalistes et autres mouvements de foule dûment motivés.
Google maîtriserait-il aussi cet art ? puisqu’il vient d’annoncer, sans tambour ni trompette, juste à coups de petit triangle fêlé, qu’il suspendait
provisoirement
le Très Grand Projet pour sauver la Culture, en l’occurrence le fameux Google Print. En cause: les droits d’auteur. Etrange, ils auraient pu y penser plus tôt. Faut-il croire qu’ils sont bien tête-en-l’air, chez Google. Le projet est donc stoppé (partiellement) jusqu’au mois de novembre, date à laquelle, sans réaction des chers auteurs se trouvant potentiellement numérisables, leurs oeuvres passeront à la casserole.
Amusant: le monde des blogs est relativement muet, pour l’instant, tandis que l’on se souvient de la débauche de notes à laquelle avait donné lieu l’affaire Google Print et la riposte de Jean-Noël Jeanneney. Ici, c’est le grand silence. Ce n’est certainement pas le désintérêt des spécialistes qui est en cause… serait-ce plutôt la fine stratégie de Google ? Lancer l’info la veille du 15 août, lorsque les dits spécialistes se rôtissent les orteils ailleurs que devant leur écran d’ordinateur. Pas mal… Tout cela sera oublié à la rentrée et Google Print gardera son aura. Mais j’ai l’esprit mal tourné, probablement.
Ca me donne des idées d’historien: pour le passé (et le présent), étudier la production des actes des potentats et des gouvernements au cours de l’année est une bonne idée, constater peut-être qu’ils émettent moins de grandes décisions pendant l’été aussi… il faudrait maintenant voir si les quelques actes émis alors n’ont pas justement une importance politique essentielle ou ne sont pas des aménagements de décisions antérieures afin d’être plus favorables au pouvoir en place.
Une découverte!