Jules Quicherat en vacances

Nous étions à la fin du mois de juillet, j'étais un des derniers à venir hanter la bibliothèque de l'Ecole des chartes -et c'est là que je me suis rendu compte ce que le mot "vacances" voulait dire: même le buste vénérable de Jules Quicherat qui trône à l'entrée comme une divinité tutélaire, même l'illustre buste partait en villégiature, dans une caisse aérée mais solide, destinée à le protéger des aléas de la route. Et aux dernières nouvelles, il n'est pas encore revenu. Mais des sources sûres m'ont laissé entendre qu'il serait vite de retour, dans des locaux tout rafraîchis et repeints dans un joli vert "ENC" appelation contrôlée.

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L'anthropologie à nouveaux (On)frais

Visite au musée du quai Branly ce week end. Muséographie intéressante, qui sort des cadres traditionnels, sans toutefois éviter l'écueil des amas d'objets entassés dans des vitrines. Néanmoins, les expositions présentées sont passionnantes. Elles donnent ce fil conducteur qui manque aux collections amoncelées: celle intitulée « qu'est-ce qu'un corps » permet de comprendre le travail des anthropologues face aux différentes méga-aires culturelles: les perceptions de ce qu'est le corps humain par les Africains, des tribus amazoniennes ou de Nouvelle-Guinée ou encore des sociétés occidentales. Une approche comparatiste qui permet au visiteur occidental de mettre en relief de manière magistrale les culs-de-sac intellectuels dans lesquels notre société s'est engouffrée avec une naïveté déconcertante. Ainsi, le corps peut être conçu au travers du regard de l'autre, par le biais du concept « dévoreur-dévoré » tel que l'envisagent certaines tribus amazoniennes -on apparaît au regard de l'être plus faible comme un prédateur (le jaguar, par exemple), tandis qu'on apparaît soi-même comme « animal à dévorer » (un oiseau…) au regard de l' « être prédateur » dont on est la proie. Entre individus du même niveau, on se reconnait comme des hommes. Un superbe système intellectuel qui nous éloigne bien des poncifs du primitivisme, mais aussi des naïvetés égocentriques du genre de l'hédonisme à la Onfray. Décidément, l'Europe occidentale a encore beaucoup à apprendre: ce genre de musée nous y invite.

Rentrée politique

Après trois mois de silence -le plus long silence depuis que je blogue- retour à la ligne. Un mutisme nécessaire pour me consacrer quelques opérations importantes dont je parlerai peut-être dans les semaines qui viennent, à mots plus ou moins couverts.

Plus de cent jours depuis ma dernière note, depuis le second tour des présidentielles. Et je reprends maintenant, alors que la crise frappe en plein ma terre natale. Je ne m'attendais pas à cette crise, d'autant moins que le pays, s'il était en proie à des tensions politiques, semblait plus ou moins uni ; les troubles communautaires étaient jusqu'ici le fait de minorités extrémistes agissantes. Me serais-je trompé dans mon jugement ? La Belgique serait-elle plus près de l'éclatement que je ne le croyais? Ou est-ce encore une crise communautaire de plus ? Je suis inquiet, comme bon nombre de Belges: même si le pays sort toujours unifié de la crise, il ne sera plus jamais comme avant et on ne fera pas l'économie d'une réforme en profondeur. Il reste à espérer que cette réforme ne sera pas seulement institutionnelle ou économique: qu'elle soit aussi politique, qu'elle éradique la particratie dans ce qu'elle a de plus insupportable.